What if the storm ends ?

C’était une bonne journée. Elle s’était déroulé sans incident. C’était un jour que l’on pouvait qualifier de calme. À cet pensée, l’alpha fronce les sourcils. Calme ? Au sein du Pack, cela ne se pouvait ! Il y avait toujours du bruit. Que ce soit des exclamations trop bruyantes, des disputes ou accrochages entre membres, ou encore le bruit familier d’un vieux moteur qu’on fait tourner dans la rue. Les journées n’étaient jamais calmes, encore moins pour Sevan. Les yeux bruns de l’alpha se portent sur les vitres de la fenêtre devant laquelle il est installé. D’un geste lent, il dépose à ses lèvres sa cigarette et inspire la fumée nocive qu’elle dégage.  Il ne se défera jamais de cette saloperie, mais leur monde était bien assez toxic pour se soucier de cette merde-là. Les rayons du soleil brûlants commencent à frôler l’horizon. La journée n’est pas encore finie, hélas. Silencieux, il reste là encore quelques minutes. Cette place lui offre un panorama auquel il ne peut tourner le dos. Il surveille l’entrée de la ville, cherche à savoir qui sort mais surtout qui rentre. La meute n’a pas pour réputation d’être amicale et accueillante. Certains d’entre eux sont de véritables bêtes, des loups avides de sang et de violence, et pourtant, il cherche toujours à les protéger d’un danger plus effrayant que leurs propres crocs.
Du remu ménage sort notre homme de ses pensées. Il tourne la tête vers le fond du bar mais ne voit pas l’origine du bruit. Il se concentre, entend des frottements, du verre ou de la vaisselle se briser, des cris ainsi que des grognements. Voilà, qu’est-ce qu’il disait ? Les journées ne sont jamais calmes au sein de la meute. Soupirant sans le cacher, le brun se redresse, jetant d’un geste vif sa clope sur le sol et de l’écraser lassement avec le bout de son pied. Il franchit rapidement la pièce, se faufile derrière le bar et surtout vers la réserve d’où s’échappe le brouhaha. La porte franchie, il ne lui faut qu’une seconde pour comprendre ce qui se déroule sous ses yeux et l’urgence de la situation.

— Dehors, tout de suite.

Les deux loups qui tentaient en vain d’apaiser River n’hésitèrent pas une seconde. Elles lâchèrent la jeune femme qu’elles tenaient pour l’empêcher de perdre le contrôle et quittèrent la pièce sans demander leurs restes. La louve en face de Sevan bouillonnait. Déjà ses yeux s’étaient assombris et son corps tremblait. Il avait appris à reconnaître les signes avant-courreurs. Il savait à quel moment elle basculerait et perdrait tout contrôle. Et tant que cela n’arriverait pas, il tenterait tout pour l’empêcher de se laisser dominer par la bête. Devant n’importe lequel d’entre eux, il aurait déjà cogné, plaqué et maîtrisé l’animal. Mais avec elle, il ne pouvait pas. River était forte, mais elle était l’une de ses faiblesses. Une bonne faiblesse, de celle qui lui laissait croire que son humanité ne l’avait pas tout à fait quitté.

La porte de la réserve claque dans son dos tandis qu’il ne quitte pas des yeux la créature en face de lui. River est encore une fois sur le point de perdre le contrôle. Cela lui arrive bien trop souvent et la jeune femme une fois devenue louve est généralement assoiffée de sang. Elle laisse dans son sillon les dégâts de la bête qui l’habite.

— River..., commence l’homme d’une voix lourde et calme.

Il lève lentement le bras vers la brune qui est en pleine lutte intérieure. Le moindre mouvement brusque, la moindre alerte qu’elle pourrait déceler ne ferais que la faire tomber dans les abîmes. Et Sevan ne voulait pas de ça. Il voulait qu’elle se contrôle, qu’elle arrive à dominer la bête. Le chef de meute fait un pas de plus malgré la posture agressive de la louve. Le brun la voit agir avant de pouvoir l’arrêter. River se jette contre un mur, une étagère plus précisément renversant tout le contenu de celle-ci. Dans une volonté inachevée, l’alpha a tendu le bras en vain, n’arrivant qu’à attraper l’air et le vide entre eux. Le bruit de la brune qui s’écrase contre les planches de bois est assourdissant mais Sevan n’y prête qu’une légère attention. Que les autres viennent satisfaire leur curiosité : il s’en moque. Ses prunelles noisette n’ont pas lâché l’animal devant lui et ne le feront certainement plus tant que River n’aurait pas repris le contrôle de la situation. Ses yeux enragés se posent sur lui et il comprend que la brune n’était qu’à un souffle de sombrer et de se laisser emporter par le courant, l’homme bondit sur elle. Il plaque le dos de la jeune femme contre son torse et emprisonne ses poignets fermement. Il sent immédiatement la bête se débattre. Elle réagit à ses instincts. Les bras de l’homme se referment davantage sur le corps de la jeune femme et presque immobile il laisse les mots glisser jusqu’aux oreilles de la louve.

— Reprend le contrôle., souffle-t-il

C’était Sevan qui venait de parler et non l’Alpha. Il avait besoin que la jeune femme se batte pour obtenir sa liberté. Elle devait faire face à ses démons et ses émotions bien trop vives. C’était l’une des plus instables du groupe et pourtant l’homme était toujours là pour l’aider. Il le serait sûrement toujours.

— Ne la laisse pas gagner River. Pas cette fois.